Elle s'appelait Marie-Anne Etchemendy (V)

Carte postale ancienne © Delcampe

Les années Mauléonnaises

Au sortir de la guerre, Dominique et Jean retrouvent leurs parents installés entre temps à Mauléon-Licharre, un bourg de quelque 4500 âmes en 1946, chef-lieu de canton et capitale de la province basque de la Soule. Le couple s'est installé aux Allées dans un petit appartement sans eau chaude et avec les toilettes sur le palier.

Pierre est toujours cheminot mais affecté au centre de tri de Tarbes (Hautes-Pyrénées). Chaque jour il prend le train à Mauléon via Puyoô pour rejoindre son travail et Marie-Anne lui prépare sa "gamelle". 

Dominique est scolarisé au Collège Saint-François, une tradition familiale. Externe, il rentre déjeuner chez lui. Aujourd'hui encore, il se revoit remonter toute la rue Victor-Hugo en courant, passer devant le château d'Andurain, le monument aux morts, la Mairie et le fronton.

La guerre avec son cortège de deuils n'a pas épargné la famille. En juin 1945, Marie-Anne a perdu  son frère préféré Martin, mort de la tuberculose. Il n'accompagnera pas son filleul Dominique pour sa "communion solennelle" l'année suivante. A Aussurucq, c'est un autre Dominique, l'aîné des neveux de Pierre, qui meurt des suites de blessures de guerre dans un hôpital des Landes. Il avait 36 ans.   

Collection particulière © Mdep

Cuisinière et sandalière

A Mauléon, l'industrie sandalière était à son apogée dans les années trente mais dans ces années d'après-guerre, quelques patrons tirent encore leur épingle du jeu. Marie-Anne se place comme cuisinière chez le plus charismatique d'entre eux, René Elissabide. Un personnage, un touche-à-tout, à l'origine de plus de soixante brevets, et connu surtout pour l'invention de sa célèbre chaussure de marche, le pataugas. 

Mon père évoque avec une nostalgie teintée d'admiration l'épopée des trois "Etche" (Etcheverry, Etchegoyen, Etchebarne), ouvriers dans sa fabrique, que l'astucieux entrepreneur envoie partout en France et même en Europe faire en marchant (!) la promotion de ses inusables chaussures tout-terrain. Bientôt celles-ci chausseront les soldats français engagés en Indochine et en Algérie... 

Pour l'heure, Marie-Anne quand elle n'officie pas aux fourneaux, pour les siens ou son patron, travaille à la fabrication des espadrilles. La vie est dure mais elle ne se plaint pas.

Dominique, bientôt suivi de Jean, découvre au collège Saint-François, outre l'anglais et les maths, la camaraderie des premières années. Un jour où il se bagarre avec l'un de ses condisciples, aussi brun que lui est blond, il est séparé manu militari par un des abbés qui s'écrie, indigné : "Mais enfin, vous êtes cousins !". Dominique E. d'Aussurucq vient de rencontrer Simon E. d'Alçay.      

Dominique et Simon Eppherre (premier rang au milieu) en 1946
Collection particulière © Mdep

A suivre...

Sources : AD64, Wikipedia, Ikerzaleak, archives familiales, mémoire de mon père...



       

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